Le feu follet Karin Dreijer Andersson commençait à nous manquer. The Knife aussi, notez bien. Ça doit être une question de saison, de nuit qui tombe plus tôt, de soleil pâle sur les landes d’asphalte, de vent qui hurle dans les platanes de l’avenue du Port, tout ça… Or, voilà que la Suédoise revient se glisser dans nos oreilles avec « No face ».
« No face » est un morceau tout en atmosphère, où l’élément vocal se limite à un « oh oh oh » inlassablement et longuement répété sur fond de drone. Il n’est pas totalement sorti de nulle part puisqu’il accompagne l’adaptation au théâtre de Hour of the wolf, un film réalisé en 1968 par Ingmar Bergman (Vargtimmen). Le volet musical de cette adaptation avait été confié aux bons soins de Karin Dreijer Andersson. La première de cette pièce a eu lieu en mars 2011 à Stockholm.
Un coup d’œil au pitch suffit pour comprendre quelles affinités Madame Fever Ray pouvait bien éprouver avec cette œuvre du Maître suédois… Hour of the wolf met en scène un peintre et son épouse, Johan et Alma, venus s’installer sur une île. Survient une mystérieuse vieille femme qui incite Alma à lire le journal intime de son mari, journal dans lequel elle découvre les fantasmes et cauchemars qui hantent ses nuits.
Si « No face » refait surface ces jours-ci, c’est surtout parce qu’il est repris sur We are the works in progress, une compilation vendue dès le 10 janvier au profit du Japan Society Earthquake Relief Fund et d’Architecture For Humanity, des associations impliquées dans la reconstruction d’après-tsunami. Le disque lui-même, truffé d’inédits, a été initié par Blonde Redhead et en particulier sa chanteuse, Kazu Makino.
Quand c’est pour une bonne œuvre, on ne compte pas. Normalement. Sur la page Facebook de Fever Ray, parmi les commentaires élogieux, on peut en effet en lire d’autres de ce type : « I’d love to hear it, but won’t be buying the album. I don’t support Japan allocating $30 million dollars of the earthquake/tsunami relief money for whaling purposes in the Southern Ocean Whale Sanctuary in Antarctica. » Sont compliqués, ces Nippons…
Didier Stiers
Tracklisting
1. Four Tet : « Moma »
2. Karin Dreijer Andersson : « No face »
3. Terry Riley : « G song »
4. Nosaj Thing : « Nightcrawler »
5. John Roberts : « Berceuse »
6. Blonde Redhead : « Penny sparkle »
7. Pantha Du Prince : « Bird on a wire »
8. Broadcast : « In here the world begins »
9. Liars/Blonde Redhead : « Drip »
10. Deerhunter : « Curve »
11. Stalactite : « Stalagmite »
12. John Maus : « Castles in the grave »
13. David Sylvain/Ryuichi Sakamoto : « Bamboo house »
14. Interpol : « Song seven »